mercredi 30 décembre 2009

DWIGHT HOWARD, SEUL CONTRE TOUS



Cette saison un peu plus que la précédente, je n’ai jamais pu regarder un match du Magic sans m’agacer devant l’utilisation de Dwight Howard. Le titanesque potentiel offensif qui est le sien reste encore à ce jour une vague perspective qui ne semble pas être la priorité de Stan Van Gundy. Mais c’est en me penchant davantage sur le rôle du pivot floridien que je me suis posé cette question : et si Dwight Howard était en fait un pivot défensif ?

J’ai été comme beaucoup opposé au choix de décerner le titre de Defensive Player of the Year à Howard l’an dernier. J’estime que comme le titre de MVP, ce trophée ne doit pas récompenser une simple débauche de statistiques, et fort de ses 9,6 rebonds défensifs et 2,9 contres, le pivot du Magic avait reçu ce titre devant des joueurs qui sont avant tout d’excellents défenseurs, le trophée précédent ayant été plus que logiquement donné à Kevin Garnett, qui au-delà de son rendement individuel avait révolutionné la défense des Celtics.

Howard, toujours présenté comme le nouveau O’Neal, est un monstre physique capable de dominer des deux côtés du terrain. Sa mission n’étant donc pas toujours la défense, il paraîssait ambigu de lui donner un tel titre. Malgré son manque de moves universellement reconnu, il tournait ces dernières saisons au-dessus des 20 points de moyenne, ce qui portait à croire qu’il pourrait un jour être un pivot ultra-dominant comme le Shaq, et non un Joakim Noah en plus balèze. Le souci, c’est que Howard n’a jamais laissé entrevoir de progrès dans sa palette offensive, et que son apport au scoring est encore moindre cette année.

Mais en fait, ce « faible » apport offensif est largement compensé par son activité défensive. Un peu en-dedans au rebond en début de saison, Howard tourne ces 10 derniers matches à 16 prises de moyenne, soit l’équivalent d’un Rodman à Chicago. Ajoutez à cela 4 contres de moyennes sur la même période, et on a là des stats plus qu’impressionnantes. Pourtant, ce ne sont pas les chiffres qui m’impressionnent le plus, mais bien l’aura de Dwight Howard dans sa défense, ce qui constitue pour moi la chose la plus importante pour ce type de joueur.

Quand un joueur attaque le cercle et voit la carcasse colossale de Dwight devant lui, il tente de ressortir la plupart du temps. Quand une équipe joue contre Orlando, la distance moyenne de ses tirs augmente considérablement. Quand Howard ne contre pas un tir, il le gêne toujours. Contrairement à Garnett que j’ai vu bon nombre de fois se faire enrhumer dans la raquette par des arrières désireux de monter au cercle –dont un somptueux cross de Daniel Gibson en ouverture de la saison- Howard mord très rarement dans les feintes des petits, et reste les pieds au sol prêt à sortir la bâche.

Les résultats d’Orlando n’ont jamais été aussi bons que quand Howard a donné sa pleine mesure défensivement. Sa présence sous le panneau permet à ses coéquipiers de se concentrer sur les déplacements adverses car ils savent que leur géant est devant le panier en cas d’erreur. L’importance en attaque de Howard est moindre que celle d’autres intérieurs, mais son importance en défense est sans égale dans la ligue. A l’instar des autres pivots défensifs, comme Okafor ou Chandler, il se contente de prendre des tirs quand on le lui permet et ne cherche que très rarement à se les créer. Dwight est un défenseur dans l’âme, la façon dont il a annihilé les intérieurs de Cleveland en playoffs l’an dernier en est la meilleure illustration, et je m'étais bien trompé en dénigrant son titre de meilleur défenseur. A défaut d’être le meilleur pivot de la ligue, il en est de loin le meilleur pivot défensif.

Et c’est là que D12 doit franchir un cap. En défense, il se sert de toutes ses qualités individuelles pour dominer, mais en attaque seules ses capacités physiques sont exploitées. Cette saison, il ne prend en moyenne que 9 tirs par match, soit la 15e moyenne chez les pivots! Ses 3,8 rebonds offensifs de moyenne lui permettant de prendre environ 1/3 de la quantité totale de ses shoots, il est évident que le pivot floridien peut faire bien mieux. Le souci, c’est que d’une part il ne semble pas progresser techniquement, un simple hook-shot de qualité pouvant lui permettre de devenir un joueur de post-up correct, étant donné la faiblesse globale des pivots actuels –on parle quand même de Joakim Noah au all-star-game ! Deuxièmement, étant donné son niveau technique actuel, il ne dispose même pas du playmaker capable de lui offrir des shoots que sa simple domination physique lui permettrait de rentrer.

Comme je le laissais entrevoir avant le coup d’envoi de la saison, le Magic ne dispose d’aucun créateur de jeu à l’exception du limité Jason Williams. Et il le payera tôt ou tard. A part Reddick, aucun arrière n’émerge à plus de 45% aux tirs, ce qui témoigne de l’incapacité à créer des shoots faciles pour une équipe qui pointe au 22e rang du ratio assist/field goal. Le bilan actuel n’est dû qu’aux qualités individuelles du roster, bourré de shooteurs adroits, et à l’abattage défensif de Dwight.

Quoiqu’on puisse en dire, ni Nelson ni Carter ne sont capable de créer du jeu pour leurs coéquipiers. Carter, s’il parvient contrairement aux autres à provoquer des prises à deux, shoote actuellement à son plus bas pourcentage en carrière, et de loin. Sa sélection de shoots plus que douteuse en est la principale cause, et le problème profond du Magic, au-delà de l’absence d’un playmaker causée par le départ de Turkoglu, est le manque d’un joueur capable de jouer le pick’n’roll.

Jamais dans un système Van Gundy n’est utilisée cette combinaison pourtant basique, mis à part un écran de départ pour la forme, puisqu’étant suivi d’un drive suicidaire la quasi-totalité du temps. C’est tout simplement parce qu’aucun joueur n’est capable de mettre en place un pick’n’roll, ce qui pourrait pourtant être ravageur avec un pivot rapide comme Howard. Tant que le Magic ne disposera pas d’un tel joueur, il sera condamné à rester une équipe reposant essentiellement sur le shoot extérieur. A ce sujet, Fabrice Auclert rappelle judicieusement qu’Orlando est parvenu en finale avec Alston à la mène.

Si l’on peut avec humour émettre des réserves quand au talent de l’ancien streetballer pour maîtriser le pick’n’roll, il est certain qu’en la matière il surpasse tous les joueurs d’Orlando. En fait, si Orlando veut espérer être champion, il lui faudra trouver un meneur capable d’organiser une équipe et d’impliquer Dwight Howard. Le Magic disposant de nombreuses monnaies d’échanges, il serait judicieux d’aller lorgner de l’autre côté de la frontière, puisque José Calderon est en train de se faire passer devant par Jarett Jack, et que ce playmaker hors pair est également un très bon shooteur extérieur, ce qui devrait suffire à mettre Jameer Nelson sur le banc. Ses lacunes défensives n'étant pas un souci majeur avec le super pivot défensif dont disposent les Floridiens.

Les destinées d’Howard et du Magic sont donc liées. Lui est le meilleur pivot défensif mais pourrait devenir le meilleur pivot tout court et écraser la concurrence. L’équipe est parmi les cadors mais ne peut pas rêver à un titre tant qu’elle développera un jeu aussi limité. Si Orlando donne les moyens à Howard de devenir plus que l’exceptionnel défenseur qu’il est déjà, ce qui à mon avis ne peut passer que par un trade ou une mutation plus qu’inattendue de Nelson, le Magic est le favori pour le titre et Dwight pour le MVP. Pour le moment, on a choisi de jouer petit bras, et c’est injure au potentiel démentiel de Howard et à la qualité du roster. Le résultat de cette politique ? Un titre de Defensive Player of the Year, au mieux…

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