samedi 9 octobre 2010

BAD BOYS, WHATCHA GONNA DO?




Personnalités controversées, scoreurs déchainés, les Bad Boys ne sont plus à Detroit mais bien en dehors du terrain. Qu’ils brillent par leurs frasques extra-sportives, leurs déclarations tapageuses ou leurs spectaculaires envolées sur le parquet, les têtes brulées de la ligue ne laissent personne indifférent. Pourtant, un sentiment d’inachevé, de gâchis voire d’agacement revient souvent quand on évoque leurs noms ou jette un œil sur une boxscore où leur nombre de points est à peine supérieur à celui du pourcentage. Capables du meilleur comme du pire, leurs saisons respectives s’annoncent aussi imprévisibles que leur jeu.

Bad boy numéro un de ces dernières saisons, Gilbert Arenas. Evidemment. Attraction hors parquet de l’an dernier avec son affaire de guns au cours de laquelle il a accumulé les explications foireuses voire inconscientes, on le retrouve aussi souriant que le mur de prison auquel il a miraculeusement échappé. Deux ans de mise à l’épreuve plus du TIG pour des menaces armées ? Beaucoup ont pris plus cher pour moins grave. Toujours est-il que le désormais frère spirituel de Gerald Wallace promet un jeu et un comportement plus épuré.

Dommage dira-t-on. Car ce qui a fait le succès de l’Agent Zéro c’est bien sûr son extravagance et surtout sa production quotidienne de highlights. Relativement soft sur le terrain depuis l’arrivée de John Wall qui en revanche ne se gêne pas pour faire lever les salles, Arenas se pose en numéro deux derrière le numéro un de la draft, et se contente de faire ce qu’il sait faire : shooter. Lui le shooting point guard qui n’a jamais réellement su driver une équipe peut souffler : le poids de la mène s’envole enfin de ses épaules qui auraient pourtant pu être assez solides pour le supporter.

Effectivement, quand on se replonge dans un passé pas si lointain, quelques blessures en arrière, les Wizards chopaient les playoffs, étaient une des meilleurs attaques de la ligue, et leur fantasque meneur squattait le top 5 des points aux côtés de Kobe version 81 points et AI période Philly. En 2007, Gilbert tape même le starting 5 du All-Star Game, avec plus de votes que Jason Kidd, alors fournisseur officiel de highlights avec les Nets de Carter et Jefferson. A ce moment, il est une superstar. Du genre poster de magazine ou fond d’écran d’ordi avec T-Mac et Garnett. Tout ça semble si loin déjà…

Depuis, l’Agent Zéro revient sur le terrain entre ses passages à l’hôpital et au commissariat, comme une rock star entre taule et cures de désintox qui en deux riffs de guitare retourne son public avant de disparaître pendant des mois. Juste histoire de rappeler que le talent ne s’envole jamais. Gilbert, c’est la même. 2 matches en 2009, deux double-doubles. 2010, le temps de poser du 23 points – 7 passes, une pointe à 45 et un triple-double avant de flinguer définitivement sa saison. Ca suffira pour que les meilleures années du Wizard réapparaissent dans les têtes. Ca suffit aussi pour se dire qu’un mec capable de réaliser de telles performances en étant loin de son meilleur niveau passe à côté de quelque chose de très grand. Banaliser l’exceptionnel, voilà ce que celui qui fut choisi au deuxième tour de la draft 2001 n’a pas réussi à accomplir. Il en avait pourtant les moyens.

Donc forcément, se dire qu’on ne reverra plus le Arenas des mid-00s est assez frustrant. Même si je n’ai jamais accroché à ses délires de blogueur, l’artilleur de la capitale était au-delà d’une figure médiatique de premier plan un des joueurs les plus excitants à voir jouer, et devoir se contenter du shooteur qui tire la gueule d’aujourd’hui en lieu et place de la superstar d’hier c’est blasant. La star de Washington, maintenant c’est Obama. Les temps changent. Alors finies les envolées au scoring ? Finis les shoots venus d’ailleurs ? Tout cela dépendra de l’influence de John Wall sur l’équipe. Et le prodige de Kentucky aura besoin de tout son génie pour effacer un personnage aussi excentrique, aussi immature mais surtout aussi talentueux que l’Agent Zéro, puisque comme chacun sait, there is only one Gilbert Arenas.

Du coup, qui pour reprendre le flambeau de la tête brulée qui met la zone dans les défenses et dans la rue ? En l’absence de l’allumé du Verizon Center, un autre chtarbé s’est mis à suivre ses traces, à l’endroit même où elles commencent. Drafté tout comme Arenas par Golden State, Monta Ellis est du même acabit : doué, explosif, mais trop désinvolte et encore inconscient du danger qu’il représente pour ses adversaires.

Pour illustrer la puissance de feu du Warrior, il a la saison dernière passé la barre des 30 points plus souvent que Nowitzki, dont deux pointes à 45 points ou plus, performance seulement réalisée par Durant et James. Le tout en ayant manqué 18 matches. A peine évoqué pour le All-Star-Game, Ellis tournait pourtant sur du 26-4-5-2, une ligne de stats digne des meilleurs attaquants de la décennie au sein des lignes arrières, encore atteinte par peu de joueurs, qui sont tous des invités incontournables du match des étoiles, et même carrément des candidats au MVP.

La différence entre ces stars et Ellis, c’est qu’il joue dans une des équipes les plus minables de la ligue, et que ses performances, aussi impressionnantes soient-elles, n’aident que peu son équipe dans sa quête de quelques victoires. Les Warriors (26-56 soit 31,7% de victoires) ont remporté 37,5% de leurs rencontres quand Monta a marqué 30 points ou plus, et présentent un bilan de 1-7 les soirs où il a tenté au moins 10 lancers. Acteur offensif de premier plan, c’est pourtant quand il défend qu’Ellis fait gagner les siens. 50% de victoires quand il vole un minimum de 4 ballons, 10% quand il termine le match sans interception.

Mais ça, défendre, Ellis il a un peu de mal à comprendre. Déjà parce que le run’n’gun n’aide pas beaucoup dans cette optique, mais l’égo du joueur a également sa place dans son laxisme défensif. Persuadé d’être un des meilleurs défenseurs de la ligue alors qu’il a encore d’énorme progrès à faire dans ce domaine, le scoreur d’Oakland ne cherche pas à progresser. En attaque non plus d’ailleurs. Incapable de la moindre preuve de sérieux, ses déclarations d’après match ou lors d’interviews révèlent une confiance en lui abusive : après son match à 45 points en novembre dernier, il avait sorti qu’il était déçu parce que sa femme lui avait demandé d’en mettre 50. Les Warriors avaient gagné, ce qui aurait largement du suffire à son bonheur étant donné la rareté de l’évènement.

Monta Ellis, c’est aussi le concours de la blessure la plus con avec Boozer. Le néo-Bull, opéré de la main après s’être gamellé en se prenant les pieds dans un sac, concurrence sérieusement le Warrior qui avait été suspendu par son équipe suite à un accident de scooter à faible vitesse qui avait engendré une opération du genou en Août 2008. Pas compris que c’était interdit par son contrat. Pas plus qu’Arenas qui ne comprend toujours pas qu’amener des armes dans un gymnase et menacer des gens avec est grave. Pas compris non plus que Stephen Curry est un coéquipier donc un ami, pas un mec qui vient lui piquer sa place.

Un peu sombre comme portait pour le moment. Allez, je déconne, j’adore ce joueur. Le MIP 2007 est un scoreur infatigable (13 matches à 48 minutes ou plus cette saison, 49 à plus de 38 minutes), capable de rentrer un trois points à moins d'une minute de la fin sans avoir posé son cul sur le banc de tout le match. Son shoot est relativement consistant, que ça soit à mi-distance ou derrière l’arc, et vu la difficulté qu’ont ses défenseurs directs à le contenir, il peut le prendre à l’endroit qui lui plaira. En fait, de tous les joueurs actuels, Ellis est celui qui ressemble le plus à Iverson. Et c’est pas à cause des tatouages.

Trop explosif pour les défenses, il marque la plupart de ses points en allant les chercher lui-même. Que ce soit en éliminant son défenseur sur un cross suivi d’un jump-shot, en remontant le terrain comme un dératé en contre-attaque avant de claquer un dunk, mais surtout en pénétrant dans la défense à fond avant de monter au cercle, rester en l’air aussi longtemps qu’il le faudra pour le panier ou la faute, Ellis peut marquer partout, tout le temps. Le haut taux de réussite dans la raquette des Warriors l’an dernier est du aux pénétrations du supersonique combo guard et bien évidemment pas à la famélique rotation intérieure. Ben oui, là encore, comme les Sixers d’AI. Et encore une fois pareil, gros intercepteur, surtout sur les lignes de passe.

La différence majeure entre les deux joueurs étant bien sur le talent : Ellis n’est pas capable de mener une équipe à la victoire et encore moins de mettre en valeur ses coéquipiers. Ca tombe bien, il dit respecter le choix de mettre Curry à la mène. Il était temps. Comme Arenas, moins de responsabilités, plus de sérieux, pour plus d’efficacité ? A voir. Pour le moment, on attend des réponses. Parce qu’avec Arenas comme pour Ellis, comme pour Iverson il faut se méfier. Le Bad Boy est menteur. Ouais j’irai aux entraînements, ouais j’arrête de faire le con, ouais cette année je joue avec mon collègue. Mytho, va. Come on, whatcha gonna do ?





Tiens, concernant les Bad Boys, les vrais, est-ce que c’est bien normal que tout le monde pète sa pile sur les nouvelles règles concernant les techniques ? Je m’explique : le Basket est un sport où le système de faute est vraiment efficace : chaque joueur a, comme pour le permis, un nombre de faute qu’il ne doit pas dépasser sous peine d’être exclu, contrairement au Foot où on peut faire 40 fautes sans se faire sortir.

Au foot encore, le carton jaune n’a d’avertissement que le nom : les commentateurs sont devenus fans du « carton jaune pour l’ensemble de son œuvre » qui peut arriver après une faute parfaitement anodine. Au Rugby, le carton jaune exclut directement pendant 10 minutes, et les avertissements sont seulement verbaux. Au Basket, il existe un réel avertissement, qu’est la faute technique. En gros, « mets un frein sinon je te sors ». Les autres fautes moins graves sont détachées de ce système et chaque joueur est égal face à sa réserve de fautes.

On s’est insurgé contre Tony Chapron qui a collé un jaune à Roudet lors de Lens-Lille parce que ce dernier lui avait dit « Vous êtes grave » après avoir contesté une décision. Quoi de plus normal ? L’arbitre doit être respecté et se faire respecter. Ca me gonfle de voir les gars contester chaque décision arbitrale, même la plus juste ou la plus évidente, et ce dans tous les sports. Quand un joueur lève le bras en réclamant la balle alors qu’il vient de la sortir lui-même, c’est ridicule, et c’est devenu maintenant un automatisme de contester l’arbitre.

Alors oui, coller une technique à un joueur qui gueule après un dunk, c’est naze. Mais coller une technique à un autre qui vient « courir vers l’arbitre pour hurler son désaccord avec un coup de sifflet » ce n’est pas du « bienvenue chez les Bisounours » (Fabrice Auclert, pourtant assez juste d’habitude), c’est juste la moindre des choses. Ayant arbitré pendant plusieurs années des jeunes en Rugby, je sais que pour un arbitre, rien n’est plus relou que le gars qui vient contester tout le temps, et j’aurais bien aimé avoir eu accès à la faute technique pour le calmer direct. Et je vois aussi que le sport de haut niveau où la contestation –et également la simulation- est devenue banale, influe sur le comportement des jeunes de manière extrêmement négative.

Ces nouvelles règles vont saouler le public et les téléspectateurs, soit. Mais contrairement à eux, l’arbitre est un acteur du jeu à part entière, au même titre que les joueurs et mérite tout autant de respect. Si certaines de ces règles protègent vraiment les arbitres, je suis prêt à accepter celles qui me déplaisent. Si ces règles changent vraiment l’image des joueurs pros auprès des plus jeunes et aident à endiguer le mauvais esprit grandissant, je suis prêt à supporter un match sans entendre Noah gueuler.

Alors à tous ceux qui pignent à l’annonce de ces changements : regardez un peu plus loin que votre petit nez de téléspectateur et pensez aussi que les joueurs pros ne sont pas les seuls acteurs du Basket et du sport en général : les arbitres, les jeunes, les bénévoles et entraîneurs de petites structures aussi. Merci pour eux.

1 commentaire:

  1. Au sujet des arbitres, c'est toujours marrant de voir la réaction des gens. Aujourd'hui, ils conspuent cette règle alors que toute l'année on les entend dire à quel point ils trouvent pénibles et ridicules les joueurs qui n'arrêtent pas de se plaindre aux arbitres.

    On a un peu l'impression que David Stern, à force de voir des joueurs NBA tenter de démêler leurs problèmes de justice, d'argent et autres péripéties, a le sentiment de devoir prendre le rôle du papa de substitution ("Habille-toi bien quand tu sors, fiston" >> Dress code , "Ne réponds pas quand tu te fais gronder ou prendre en faute").

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